dimanche 18 novembre 2007

Holly Dolly






Ce week end, j'ai eu deux heures de libre pour m'attaquer à la pile de livres à lire de deux mètres de haut qui trône à côté du lit. Mon Everest personnel.

J'ai pris celui qui était tout au dessus. C'était "Holly Dolly", le second tome de "Big Foot", de Nicolas Dumontheuil, chez Futuropolis qui, décidemment, commence a avoir u catalogue où se retrouvent tous les auteurs dont j'attends les prochaines sorties!) . J'avais eu l'occasion de dire ici même la claque que j'avais prise en lisant le premier volume. Eh bin j'ai encore passé un super moment.

Il y a encore quelques années, j'adorais aller dans les librairies et acheter un peu de tout. Maintenant, comme je ne connais pas les 9/10 èmes de ce qui sort, j'ai tendance à passer à droite, c'est à dire à me renfermer sur les auteurs qui, à chaque livre, me passionnent pour délaisser les éventuelles découvertes fortuites. Je mise sur mes valeurs sûres. Il n'y en a pas beaucoup. C'est un peu comme retrouver des potes après une longue séparation. Comme quand le nouveau "6 compagnons" sortait quand j'avais 11 ans... Pareil. Quel plaisir. Ces bonheurs simple de lecteur sont précieux parce que rares.

Dumontheuil est fabuleux. Il réussit à faire un western bien plus moderne que tous ceux qui s'y sont attaqués, même récemment. En général, les westerns me gonflent. Même quand j'étais môme, à part Lucky Luke et les tuniques bleues, ça ma gavait. Mais la manière savamment confuse dont Dumontheuil déroule l'histoire, son écriture parlée, tout ça contraint à admettre que quand on est fort pour raconter des histoires, peu importe le thème. Et donc, là, j'ai été emporté d'un bout à l'autre.

Et il y a le dessin, aussi. Je me souviens que j'avais été bluffé par "qui a tué l'idiot?" et "l'enclave" du même auteur, il y a des milliers d'années de ça ou "le roi cassé" plus récemment. Eh bin, depuis, il est de plus en plus fort. En plus, son dessin change en permanence. Là, il réussit à dessiner des scènes super compliquées avec plusieurs actions simultanées sans que ça merde, qu'on s'arrête pour mieux comprendre ou revenir en arrière. Le dessin est très présent parce qu'il y a un économie de texte qui fait plaisir par les temps qui courent. J'ai feuilleté récemment des bouquins où l'accumulation de textes était tellement indigeste que le dessin était brouillé, étouffé... Souvent, c'est la marque de certains scénaristes qui veulent en faire des tonnes et qui ne savent pas qu'on peut donner du rythme à une histoire autrement qu'avec des mots, mais pas seulement. Là, dans le cas de Dumontheuil, c'est parfait. On a l'équilibre qui fait les livres hors norme.

Son dessin a tellement évolué qu'il réussit à traiter les lumières en matières sans pour autant figer ses personnages ou ses décors... On dirait qu'il ne cherche pas l'épure, mais qu'elle vient à lui, naturellement, comme résultat de son travail. Et puis, il l'habille de matières, élégantes, brutales, vives, variées, qui donnent au lecteur de quoi trouver à bouffer pour les dix années à venir... Bref, c'est tout ce que j'aime.

Aux antipodes de l'avant garde arrogante ou, au contraire, de l'armée des graphistes froids et lisses, loin de la mode du moment ou des chapelles, Dumontheuil c'est la classe, la vraie, celle où on sent le bonhomme derrière, avec l'humilité et tout...